Historique du camp

Historique du camp

Le camp de Brens se situe à côté du pont Saint-Michel qui doit son nom à la proximité de l’église et de l’abbaye Saint-Michel à Gaillac. Ce pont sur le Tarn entre Gaillac et Brens fut érigé d’août 1936 à janvier 1939 en remplacement du pont suspendu construit cent ans auparavant. Une dizaine de baraques de chantier avaient été installées sur une partie des Rives, un terrain de 2 ha surplombant le Tarn, propriété de la famille Noblet d’Anglure. Le 3 septembre 1939, le terrain est réquisitionné par le préfet à la demande duquel l’entreprise Fraisse, qui avait construit le pont, s’engage à installer dix autres baraques.

Depuis septembre 1939, en raison de l’évacuation préventive de civils vivant dans la « zone rouge » de la ligne Maginot, des dizaines de milliers d’Alsaciens-Mosellans quittent leurs foyers pour des départements d’accueil (Haute-Vienne, Charente…). Ils sont aidés par la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués). La réquisition des logements vacants est insuffisante et, pendant « La drôle de guerre », le sud de la France se couvre de centres d’accueil dont une dizaine dans le Tarn. Le nouveau chantier de Brens est terminé à la mi-mai 1940 lorsqu’arrivent en train, bus ou automobiles des flots de réfugiés. Entre 1939 et 1945, le camp de Brens connaîtra des fonctions et des dénominations différentes.

« Centre d’accueil » pour réfugiés de l’exode et de la démobilisation de mai à septembre 1940

La Belgique est envahie en mai 40. Les Belges, ainsi que Néerlandais et Luxembourgeois s’exilent en masse.  Le Centre de Brens est le plus important centre d’accueil – avec Les Pescayres à Saint-Sulpice-la-Pointe – pour les réfugiés, auxquels se mêlent des familles nombreuses de Polonais, ainsi qu’une trentaine d’Espagnols dès la mi-mai. Fin juin, le camp accueille aussi des soldats démobilisés. Environ 2000 réfugiés passeront par le centre, ne serait-ce que quelques jours, avant de trouver à se loger dans des immeubles réquisitionnés ou chez l’habitant, en pension ou en échange de services. Le camp se vide pendant l’été, tandis qu’un nouveau régime voit le jour à Vichy le 10 juillet 1940. En septembre, le centre héberge plus de 300 Espagnols victimes de la répression franquiste. Les nombreux centres d’hébergement pour civils, notamment dans le sud de la France, relèvent d’un dispositif d’encadrement et de contrôle des réfugiés espagnols. 

« Centre d’hébergement » pour Juifs étrangers et Espagnols d’octobre 1940 à mars 1941

En octobre et novembre, aux Espagnols s’ajoutent près de 1300 Juifs d’origine étrangère, notamment Allemands, Autrichiens, Polonais ayant fui le nazisme depuis plusieurs années. Le camp est surpeuplé, sans infirmerie, vêtements et vivres y font défaut.  Il est encore ouvert mais la liberté de circuler à l’extérieur du camp est vite limitée par la confiscation des papiers d’identité en janvier. Le premier statut des Juifs date du 3 octobre, suivi quelques jours plus tard par l’abolition du décret Crémieux. L’étau se resserre et, en mars, des transferts vers des camps surveillés sont organisés, le camp se vide. Gurs pour les célibataires, Noé et le Récébédou pour les malades et Rivesaltes pour les familles. Ces camps feront l’objet de déportations en masse à l’été 1942.

« Camp de concentration » réservé aux femmes de février 1942 au 3 juin 1944

En Lozère, le camp de Rieucros accueillait depuis octobre 1939 des « étrangères indésirables », espagnoles et allemandes puis des françaises suspectées de communisme, et des indisciplinées, prostituées et quelques « droit commun ». En raison d’une gestion trop difficile des conditions de vie très dures, sa fermeture est décidée en décembre 1941.

À Brens, en janvier, le camp est doté d’une palissade et d’une clôture de barbelés. Le 14 février 1942, 320 femmes et 26 enfants de 15 nationalités différentes arrivent de Rieucros. En juillet et août, les rafles anti-juives du régime de Vichy vont entraîner la déportation d’une trentaine d’internées à Brens. Dora Schaul, résistante allemande, s’était enfuie du camp le 14 juillet et avait rejoint la Résistance à Lyon. 

La vie s’organise sous un régime de surveillance, restrictions alimentaires, pénuries de vêtements et de matériel médical. Cependant, l’organisation d’activités culturelles et manuelles permet aux internées de survivre, de s’entraider et de mener ensemble quelques actions d’éclat, comme la fête des Mères de mai 1943.

Début juin 1944, l’ordre est donné d’évacuer le camp et les 150 dernières internées du camp sont transférées à Gurs d’où nombre d’entre elles s’échapperont en juillet par petits groupes, comme Angelita Bettini del Rio.

Camp réquisitionné par les Allemands en juin-juillet 1944

Pendant un mois, l’unité allemande qui comprend des supplétifs soviétiques « Mongols » occupe le camp. Mais le débarquement des Alliés est une réussite, en Normandie comme en Provence, la Résistance libère peu à peu le territoire. La Libération de Gaillac et des villages alentour intervient le 15 août.

Camp destiné aux présumés collaborateurs fin décembre 1944

Quelque 270 suspects de collaboration, en majorité du Tarn, seront incarcérés en attente de leur jugement.

Camp féminin de « dénazification » en juillet 1945

Venues de l’Est, d’Alsace-Lorraine notamment, 267 femmes et 118 enfants arrivent à Brens. Sans doute en raison de conditions sanitaires dégradées, 8 personnes vont y trouver la mort.